Derrière les ours

Une femme qui a eu ses règles aurait été mangée par un ours.

Joseph va sur le deep web, c’est comme le dark web, les sites non repertoriés par Google, il y est allé par pour s’inscrire au Djihad, ni pour acheter des nouvelles drogues en pixels, il sait planter des radis numériques, mais il y est allé pour voir s’il pouvait acheter un ours.

Il a un ami qui s’appelle Janus et sa sœur Clitorine.

On y croit moyen, mais il dit que c’est vrai.

 

On dit souvent que les faux monayeurs trouvent des tactiques de fabrication qui vont aussi vite que les méthodes de sécurisation, ou que les voleurs trouvent toujours autant de tactiques que les banques pour voler, que les banques pour sécuriser.

 

Par contre, face au libéralisme boosté au diesel, les armes restent souvent les manifs, vieil outil archaïque -sécateur rouillé de paysan du finistère nord- pour protester, et face au cynisme de Monsanto, Areva ou Sanofis rares sont les groupuscules issus du peuple qui se forment pour aller les dévaliser, à part les hackers, peu repérables,  encore jamais vu d’armées spontanées qui partent dévaliser un des 80 plus riche du globe pour rendre les tunes à un continent entier, lancé de billets d'une armée d'hélicoptères.

 

Tout s’est accéléré, la France garde son vieux fond « c’est pas moi, c’est lui », de la deuxième guerre où beaucoup s'étaient vus comme résistants.

La France n’a toujours pas admis son cynisme et sa cruauté lors de la guerre d’Algérie, sa perversité quand à sa police qui formait des profs de math de torture envoyés dans les dictatures sud-américaines.

 

On a vécu les années 80,90 et 2000, pèpère, des robinets qui coulent les fruits, nos petits théâtres, nos scènes nationales, enfants gâtés qui partaient se ressourcer dans le monde quand ça flanchait un peu, et aujourd’hui, on tombe de haut de voir qu’un village du sud du pays a vu 20 jeunes de la commune partir au Djihad.

Mais quand la vie aventureuse est aspirée la nuit,

je pars vivre un western dans un grand désert.

 

On a asséné la laïcité comme si de rien n’était, sans se poser de questions, fiers de notre séparation de l’église et de l’état.

 

Or laïcité + libéralisme + rationalisme européen + déni des conséquences des colonisations fabrique une formule détonante de calme plat, de douceur apparente, d’individualisme certes charmant quand on entend par démocratie : « chacun fait sa cuisine personnel avec les outils du monde, on pioche selon ses goûts, on est libre d’aimer le peuple peul et ses chants, le porno, les horigamis japonais, la passion pour les maquettes, l’informatique les pokémons et la chanson française ».

 

Vous avez un panel, un cocktail de l’histoire humaine devant vous, prenez ce qu’il vous plaira mais n’emmerdez personne avec ça.

Le problème, c’est « n’emmerdez personne avec ça », parce qu’un monde social équilibré, c’est quand une partie de ce qui concerne l’un concerne l’autre.

Et la double tête romantique déchéante "ne m'emmerdez pas, je veux du calme/ quand je déménage, personne n'est plus là"

Les habitudes de vie commune, les chants collectifs spontanés dans les villages, les vieux sur les bancs qui parlent aux jeunes qui passent, les femmes qui prennent en main les enfants qui traînent même si ce n’est pas les leur (comme en Afrique et en Amérique latine : pays où nous allions chercher fascinés, ce qu’inconsciemment nous avions égaré), tout cela a disparu aussi vite que les ours Polaires pendant la fonte des glaces.

 

Il y a un style très branché à n'être pas concerné, distant, mystère...

Peut-être profond?

 

Trois cent mètres après la sortie du métro, la tension montait:on ne savait pas sur quoi on allait tomber,  les skins porte de Clignancourt, dont un, fier, rigolard et méchant, perché sur son muret aux puces, qui se demandait sur qui il allait bondir, et il n’avait besoin de bondir sur personne parce que tout le monde s’écartait naturellement devant cet oiseau malin et magnifique, aux couleurs étonnantes.

 

 

 La fonction du Skinhead d’autrfoeis, celui qui fait peur immédiatement, après des années de distortion du réel par le total libéral=Djihad.

 

Les ramoneurs de Belleville, leur haine de la musique.

Les deux ramoneurs sont venus et ont commenté les affiches, la musique du diable, l'abbé Pierre qui aurait pu être accepté par Dieu, mais non, et Coluche non plus.

C'était un converti Breton, il m'a expliqué les boîtes de nuit.

Pour lui la musique vient de là, d'une boîte, avec alcool et filles, elle ne vient pas d'un son, elle n'a pas d'histoire, elle ne provient pas d'une guitare, mais bien d'une boîte de nuit.

 

Les professeurs, garant de la transmission diront : on ne peut pas tout distinguer, notre tâche est déjà lourde.

Ils ont fait ce qu’on leur a demandé :suivre le programme au lieu de suivre le monde.

C’est à nous tous de suivre le monde, aussi fâcheux soit t il, dit le grand lombric d'Argent, qui vient de tourner la tête en nous regardant, on dirait qu'il a un cou.

 

On a parlé de Balavoine parce que je disais combien j’étais content que le Paris-Dakar doivent s’arrêter : prendre la planète comme un terrain de jeu a ses limites, et ces même limites sont à présent maladroitement imposées par des gens violents qui détestent tous les mécréants, à la recherche d’une pureté qui n’existe pas.

Comment qu'il est réactionnaire le jeune tatoué et l'Arabe du kebab, comment que je croyais qu'ils étaient du bon côté, ohlalalalalalal.

Et si un jeune converti à l’islam radical était plutôt habitué à internet, aura t il le droit de demander 70 cougars plutôt que 70 vierges après son action martyr ?

 

Il paraît qu’il y a une version du chanteur

 

On n’ a pas pris dans les bras certains enfants.

 

Quand certaines aigreurs profondes sont bien arrimées, le premier qui passe est un prétexte : on se trompe d’ennemi mais tout passant est bon à prendre.

 

La mécanique de mettre hors jeu, hors humanité celui sur qui l’on projette ses propres douleurs.

 

En me touchant sur la canapé du gîte, j’imagine qu’un des jeunes partis pour Dash se fait griller entrain de se toucher à un moment d’égarement, là bas, sous sa tente, un moment où Allah ne le regarde pas et où il recherche la saveur française laïque, comme quand je rêvais de manger du saucisson en Chine, en pleine nuit.

Ils le grillent la bite à la main et lui tirent une balle dans la tête.

 

À présent je me dis en rangeant les allumettes dans leur boîte que ces jeunes là partis pour  être des  guerriers manquaient de petits actions sans valeur comme ramasser de petits bouts de bois, ou faire tous les petits gestes qui ne rapportent rien, gestes pauvres qui à eux seuls déconstruisent toute la machine gigantesque de gain permanent et de profit immédiat, fumée invisible qui aurait guidé l’action de tant de corps perdus devant écrans  et  gain de satisfaction immédiate.

Je pars au Casino de Castera Verduzan, ils me suivent et me jettent.