On part de rien. Un son arrive : on peut se coincer dedans, se prendre les pieds dedans, mourir dedans tout de suite. Si un deuxième son sur lequel on pourrait se reposer ne surgit pas, tout s'arrête. Plus de transformation possible. L'improvisation ne peut pas vivre sans entraide. En situation de guerre, d'urgence, de panique, soit on reste pétrifié passif, soit on improvise : on prend en main la situation, on se mouille, on laisse de côté à la minute la force rongeante du regard sur soi.
C'est donc ce que l'on fait et ce que l'on découvre, qui fait; et pas ce que l'on a décidé de faire qui fait tout seul. Enfin, c'est les deux, main dans la main. Ce n'est pas cette accumulation d'objets, de mots et de connaissances, qui guide. Plutôt les embûches, les troubles, les gouffres; ce sont eux qui gardent encore un lien avec les formes archaïques brillantes aux rituels intemporels (comme les mouvements du ventre ou les idées surgissantes des enfants.)
C'est cela qui permet de retrouver les instincts nécessaires à l'heure où visions globales mondiales écrabouillantes en grandes paluches des Dark Vador à cravate tuent la vie intime des branches ramifiées de nos vies si puissantes en temps présent.