Il me dit
-« ta tronche me dit quelque chose, vraiment »
-Qui ? moi ? Mais j’ai pas de tronche, moi, si, ah, oui mais je suis tout aplati, j’ai pas de tronche moi, je suis de la chair qui déborde sous l’aplatissement de l’espace temps, je suis une gaufre aplatie par faute de la vitesse !
-Mais si, je t’ai déjà vu, c’est sûr.
-Qui moi? J’étais déjà là, sur le sol quelque part, avec vous, oui, comme d’habitude, quoi, oui c’est vrai, c’est beau, moi aussi je t’ai déjà vu quelque part, et je m’en fous de savoir où.
-T’as pas trainé…avec... en...
-Si, oui, j’étais sur le sol, moi, des années sur le sol, j’étais répandu par terre, toutes les bouteilles d’eau renversées sur le pavé…c’était moi ! Oui, tu dois en connaître du monde que je connais.
-T’as pas connu grand Gilles, ou Tony le chauve ancien skin, Syphilis le punk dealer de LSD de Strasbourg qui avait tiré sur petit François de Montfermeil en 86 ?
-Non, j’ai connu Patcash début des fêtes électro, et Bruno des Tolbiac, et Cheval fou de Ménilmontant, Maréchal Brune sous Napoléon, les frères Karamazov, et pour moi le vieux monde s’est arrêté avec Jacky le coiffeur de la rue Championnet, tu sais mon but, c’est juste de ne pas mourir, il faut encore comprendre des choses, tu comprends, je veux rester léger comme l’air, je veux apprendre à parler de tout sans tirer orgueil de rien.
-T’es là avec nous, alors ?
-Depuis très loin.